Algérie

En panne de réconciliation Instance vérité et dignité


L'Instance vérité et dignité (IVD) vient d'achever sa mission dans la discorde et le bilan présenté concernant ses activités ne peut occulter son échec sur le plan de la réconciliation, comme le témoignent les déclarations du chef du gouvernement lors d'un entretien accordé à une chaîne de télévision privée. La politisation de ses travaux et le parti pris, d'une part, et la personnalité clivante de sa présidente, d'autre part, ont pratiquement remis en cause le processus de justice transitionnelle dans sa totalité, ce que réfute en bloc Sihem Ben Sedrine qui contrecarre et insiste sur la réussite de la mission de l'IVD. Si les passes d'armes entre l'IVD et plusieurs partis politiques et autres composantes de la société civile furent nombreuses tout au long des quatre années d'activités de cette dernière, il n'en reste pas moins qu'elles étaient, primordialement, à l'origine de cet échec.Les démissions successives de certains membres influents, dont notamment le vice-président Zouhair Makhlouf, de l'instance pour des raisons liées à la gestion de l'IVD par sa présidente, sont venues confirmer une ambiance de travail délétère. Makhlouf avait déclaré au moment de sa démission que l'instance a « failli à sa mission ». Il est vrai que la présidente a le plus souvent travaillé dans un climat qu'elle a qualifié d'hostile et a pu faire face aux diverses tentatives d'ingérence dans ses travaux, mais pour ses détracteurs, l'IVD n'a fait que diviser encore plus les Tunisiens et n'a pas réussi à convaincre les principaux accusés à se présenter et s'excuser dans le cadre des séances d'écoutes ou devant les chambres spécialisées de la justice transitionnelle auxquelles 472 dossiers ont été transférés à la fin de la mission de cette instance.
Rien au monde ne pourrait rendre justice aux victimes de la torture, des traitements cruels, inhumains ou dégradants, ni les excuses des bourreaux, ni d'ailleurs les indemnisations. Suite à la fin de la mission de l'IVD, le processus de justice transitionnelle s'annonce plus difficile et complexe que prévu pour la simple raison que l'instance en question a été mise en place dans un contexte politique marqué beaucoup plus par un esprit de vendetta que par une volonté de réconciliation.Cela a provoqué l'ire de certaines parties qui se sont senties ciblées et lésées par une instance qui ambitionnait pourtant de « faciliter la transition vers un Etat de droit en révélant la vérité sur les violations du passé, en déterminant la responsabilité de l'Etat dans ces violations, en demandant aux responsables de ces violations de rendre compte de leurs actes, en rétablissant les victimes dans leurs droits et dignité, en préservant enfin la mémoire et en facilitant la réconciliation nationale ». Au terme de sa mission, les bourreaux se sont miraculeusement éclipsés du radar de l'IVD au moment où les victimes ont réclamé justice, et la réconciliation n'est plus à l'ordre du jour. A défaut de cette réconciliation, l'IVD a annoncé le 12 janvier la remise d'une première tranche des dossiers de réparation concernant les victimes de violations des droits de l'Homme, qui comprend 15 militants ayant contribué à l'indépendance du pays. Piètre consolation à l'issue de plus de quatre ans d'activités.
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