«Il faut voir le verre à moitié plein» Amine, interne en orthopédie à l'hôpital Mohamed Taher Maamouri à Nabeul

Avec un rythme de garde qui dépend de nombres d'internes et de résidents, les conditions de travail dépendent toujours de l'hôpital, mais aussi du service dans lequel vous êtes nommés. Il y a aussi des services où on trouve des stagiaires volontaires et d'autres qui préparent leurs équivalences pour exercer en Tunisie. Ces derniers partagent le nombre des gardes par mois. Mais le débit des malades dépend surtout des saisons pendant lesquelles il y a une augmentation des nombres de consultants, comme l'hiver et l'automne pour le service de pédiatrie et celui de pneumologie ou l'été pour les services de gynécologie et l'orthopédie.Idem pour les gardes qui dépendent surtout de l'équipe et de la saison ; il y a des moments où on ne trouve même pas le temps d'aller aux toilettes. Dans une telle situation, la bonne gestion et la coordination dans la prise de décisions sont les maîtres mots pour dépasser les pressions de toutes sortes. Cela sans oublier le rôle important que jouent les médecins de tri aux urgences qui organisent et répartissent le travail entre les internes. Mais par manque de moyens humains, le médecin de tri n'existe pas toujours dans toutes les urgences. D'une manière générale, dans notre spécialité on travaille une moyenne de 48 heures par semaine, cela sans inclure les heures des gardes.
Parmi les autres difficultés qu'on rencontre dans notre quotidien, c'est le comportement du citoyen qui devient impatient, exigeant et parfois agressif. L'un des incidents inoubliables que j'ai vécu pendant ma carrière à l'hôpital Mohamed Taher Maamouri à Nabeul se rapporte à celui d'un citoyen impatient et qui ne voulait pas attendre son tour. Ce dernier s'est permis d'agresser le cadre médical et paramédical. Mais malgré ce comportement inacceptable, on essaye toujours de prendre en charge ces moments de tension en adoptant l'approche psychologique la plus appropriée.
Malgré ces conditions difficiles, il faut voir le verre à moitié plein. Notre relation (résidents et internes) avec les chefs de service est « bonne » en générale. C'est une relation tout à fait normale comme toute relation entre «le disciple» et le «maître». La transmission du savoir-faire se fait par le biais de la pratique et des staffs médicaux'Notre relation avec les chefs de service est généralement faite d'entraide et de compréhension mutuelle. C'est une éthique médicale qu'on étudie dès la première année de nos études médicales et qu'on applique dans nos stages.
L'autre souci'
Le souci qui demeure c'est le nouveau statut régissant l'activité des jeunes médecins internes et résidents. Il est vrai que ce statut représente un acquis majeur, mais il n'est pas encore appliqué dans sa totalité à cause de plusieurs raisons, dont la première est sans doute le manque de moyens financiers. En effet, la structure hospitalière ou sanitaire devrait fournir aux internes et aux résidents en médecine deux tenues de travail selon le modèle reconnu dans la profession, et ce, lors de la prise de leurs fonctions dans ladite structure. Ce n'est pas toujours le cas. Il y a, également, le manque d'effectif. La plupart du temps, il n'y a pas de possibilité d'avoir des jours de repos à cause justement du manque d'effectif. Pour nous, obtenir un congé est un vrai combat.
En ce qui concerne le travail pendant une année dans une des régions de l'intérieur du pays, cette décision ne pose pas problème à condition qu'il existe des conditions favorables pour exercer notre métier dans les normes et dans le respect du citoyen afin d'assurer un service de qualité.
Dans l'état actuel des choses, nos revendications ne sont pas seulement matérielles (du moins pour le moment).