Algérie

Incohérence présidentielle


L'instance « indépendante » pour les élections a été officiellement installée et nous avons eu droit à un énième discours présidentiel, moins décousu qu'à l'habitude, il est vrai, mais bien prolixe en accusations. Des accusations qui fusent du gosier présidentiel attisant la haine de ses troupes envers ses adversaires. Des accusations de traitrise, d'intelligence avec l'étranger, de trahison, de falsification ou de corruption. Au point où nous en sommes plus rien ne nous étonne venant du chef suprême qui était pourtant censé représenter l'unicité. Ça c'était inscrit dans le texte de la constitution qui a fini par être mangée, pour de bon cette fois-ci, par l'âne (Cf. une ancienne déclaration du Saïed alors expert en droit constitutionnel). Passons.Le hic c'est que toutes ces accusations étaient balancées le jour de l'investiture des nouveaux membres de l'Isie dont le président insiste sur son caractère indépendant. Alignés face au chef, en parfaite posture d'obédience, les membres de l'instance nommés par ses soins s'abreuvaient de ses attaques contre de potentiels futurs candidats et adversaires du président. Dans la forme même de cette messe exclusivement masculine, en passant, il y a contradiction. Comment Kaïs Saïed pourrait-il affirmer avec force que ces membres sont à équidistance de toutes les parties prenantes, donc impartiaux, alors qu'il les entraine dans la compromission et la complicité de par ses paroles. En hochant servilement la tête aux fustigations présidentielles, ils perdent ou il leur fait perdre le peu de crédibilité qu'on pouvait leur accorder.
Le pire c'est que Kais Saïed n'est même pas conscient du discrédit qu'il jette sur cette nouvelle Isie déjà entachée par la faute originelle des nominations unilatérales. Et cette petite phrase qu'il répète : « La falsification de la pensée des électeurs est plus grave que la falsification des bulletins de vote ». Les deux aspects sont gravissimes, mais notre président, théorique et métaphysique, semble inventer ses paradigmes propres en dehors de la logique la plus basique. Et cette autre petite phrase : « Les élections ont été falsifiées ». Si l'on comprend bien la logique présidentielle, les précédents scrutins ont été biaisés, donc tout le processus qui en a découlé l'est autant.
Pour cela, il fallait opérer des changements tout en jetant l'opprobre sur une classe politique illégitime parce qu'émanant d'un processus falsifié. Suivez mon curseur lecteurs' Qui a été élu dans le cadre de ce même processus à la magistrature suprême ' Qui donc ' Surprise ! C'est le même monsieur qui affirme que tout est falsifié. Alors comment se fait-il que 'l'illégétimisation' électorale frappe tout le monde sauf sa personne ' Question simple, logique basique. Le parallélisme des formes est pourtant un principe bien connu en droit que notre président ne peut ignorer. Si les élections sont falsifiées on ne parlera plus de légitimité électorale pour qui que ce soit. On parvient à cette conclusion à travers un raisonnement par analogie élémentaire qui ne nécessite pas une grande érudition.
Le président se pense-t-il au-dessus de la mêlée ' Le doute n'est pas permis. C'est bien le cas et dans ce rôle qu'il s'est composé, il continue à allumer tous les signaux d'une 'Roipublique' rampante. Peu importent les contradictions et les faits alternatifs charriés par Saïed et sa cour tant que la population continue à son tour à gober tout ce qu'on lui jette, tant que les sentiments de haine et de revanche soient attisés au détour d'un discours ou d'une pseudo action judiciaire.
Mention spéciale pour la photo de classe dont on nous a gratifiés lors de la prestation de serment. Un bel exemple d'équité femmes-hommes (attention il ne faut pas prononcer le terme égalité, le président l'a en horreur). Une assistance 100% masculine. Une instance exclusivement composée d'humains mâles, comme si les humains tunisiens du sexe opposé ne comptaient pas. Cette invisibilisation de la femme traduit le rejet des principes de parité et d'égalité entre citoyennes et citoyens. Cette absence confirme la poursuite d'une politique foncièrement patriarcale. Mais n'en prenez pas ombrage, « l'amie » du président Rachida Ennaifer a rapidement dégainé pour nous expliquer que ce n'est pas plus mal, que ce n'est pas grave et qu'on en a marre de voir des femmes alibis. De qui parle-t-elle au juste '
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
Veuillez saisir le code ci dessous
*



Recharger l'image

(Les champs * sont obligatores)