Tunis - A la une

Quand le président est un clown


L'Ukraine croule sous les bombes. Des centaines de morts, un million de déplacés, des milliards d'euros de pertes et pas de répit à l'horizon. C'est un véritable drame qui se déroule dans ce pays. Pourtant, tout cela aurait pu être évité si le président ukrainien était plus perspicace.Comme on le sait tous, désormais, Volodymyr Zelensky est à l'origine un comédien qui a réussi une série télévisée où il incarnait le rôle de président de la République venu sauver le pays de toute la corruption qui le gangrène. Son jeu était tellement convaincant qu'il a fini par croire qu'il pouvait devenir réellement un président. Il s'est menti à lui-même, il a cru à son mensonge et il a réussi à leurrer 73,22% de la population (30,24% au premier tour).
Être un excellent comédien n'est cependant pas suffisant pour faire de vous un bon président. La réalité est bien loin de la fiction. Le peuple ukrainien apprendra à ses dépens cette leçon.
En dépit de ses performances scéniques, Volodymyr Zelensky a été un piètre homme politique. Il a préféré défendre ce que « veut le peuple », plutôt que de défendre les intérêts de ce peuple.
« Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur », a dit un jour le Premier ministre britannique Winston Churchill. C'est là toute la différence entre les grands hommes politiques et les petits qui ont atterri par accident dans le monde politique. Les premiers disent la vérité à leur peuple, les seconds leur disent ce qu'ils veulent entendre. Les premiers agissent comme des hommes d'Etat pensant à la prochaine génération, les seconds comme des politiques pensant à la prochaine élection (James Freeman Clark).
Volodymyr Zelensky sait parfaitement que son voisin russe est fortement inquiet par l'encerclement que lui impose l'Otan avec des bases militaires tout autour et des missiles orientés vers Moscou. Il sait que l'Ukraine est un pays tampon entre la Russie et les pays de l'Otan. Il le sait et il a cherché, aussitôt après son élection, à rassurer Vladimir Poutine, avant de lui tourner le dos.

Constatant que son peuple tenait à s'occidentaliser et à intégrer l'Union européenne et l'Otan, il a préféré suivre ce que voulait le peuple, en dépit du danger. Malgré les multiples avertissements et sommations, il n'a pas mis d'eau dans son vin et a continué à surfer sur la vague populiste de « le peuple veut ». Que veut le peuple ' Il veut que l'Ukraine rejoigne l'Otan et bénéficie du parapluie occidental. Ce peuple mesure-t-il le danger de tourner le dos au voisin russe ' C'est difficile à comprendre. Rappel d'une règle en neurosciences : tout ce qui demande un effort est impopulaire pour le cerveau et tout ce qui ne demande aucun effort est populaire.
Volodymyr Zelensky s'est comporté en homme politique privilégiant le populisme privilégiant la volonté de son peuple à la sécurité de son voisin.
Vladimir Poutine a agi en privilégiant la sécurité de son pays à celle de son voisin. L'Histoire lui donne raison. Combien de fois la Russie a été attaquée par surprise par ses « gentils » voisins occidentaux. Il ne pouvait pas prendre le risque de laisser les descendants de Napoléon Bonaparte et Adolf Hitler s'installer à ses frontières. Il y a un prix à payer et ce sont les Ukrainiens qui sont passés à la caisse.
Quid de la souveraineté des peuples ' On ne saurait parler de souveraineté quand on est pauvre, quand on est mendiant, quand on est petit, quand son voisin est menacé.
Ce n'est pas parce que vous êtes chez vous, que vous êtes libre de faire ce que vous voulez. Les règles du voisinage vous imposent des situations et des arbitrages que seul un homme d'Etat est capable de mesurer. L'Ukraine, hélas, a un clown à sa tête.
Parenthèse en passant. Ce mot souveraineté est le même opposé par l'Ethiopie qui veut ériger un barrage sur le fleuve du Nil (le barrage Ennahdha) quitte à menacer l'agriculture de son grand voisin égyptien traversé par ce même Nil. Paradoxalement, tu as des gens qui défendent à la fois l'Ukraine et l'Egypte.

Les Tunisiens, aussi, ont leurs clowns
A Tunis, les choses sont ce qu'elles sont. La dictature poursuit son chemin, sous la direction « clairvoyante » du président Kaïs Saïed qui répète, dix fois par jour, qu'il est là pour accomplir la volonté du peuple.
Aux dernières nouvelles, on a arrêté le bâtonnier Abderrazek Kilani. Les faits qu'on lui reproche sont risibles. Défendant l'ancien ministre et son collègue Noureddine Bhiri, Me Kilani s'est adressé aux forces de l'ordre en leur demandant de respecter les lois du pays. « Vous vous exposez au danger ainsi que votre avenir et vos familles. Monsieur Charfeddine (ministre de l'Intérieur, ndlr) vous défendra ' Qui, malheureusement, ne comprend rien à la loi ' Et Kaïs Saïed vous défendra-t-il ' Il n'y a que la loi qui puisse vous défendre. Regardez vos chefs, aujourd'hui ils font pitié. Vos chefs sont déférés devant des chambres spécialisées avec leurs familles, leurs enfants et leurs réputations. Pourquoi vous vous exposez ainsi aux poursuites ' Nous avons fait la meilleure constitution du monde et il en a fait un torchon. Elle stipule que la police est républicaine, que l'armée est républicaine et que la police doit être à égale distance de tout le monde'Selon la loi, vous ne pouvez pas empêcher un citoyen d'entrer à l'hôpital sauf si c'est le directeur de l'hôpital qui le demande ».
De quoi le parquet l'a accusé ' De « participer à un groupe qui trouble l'ordre public dans l'intention de s'opposer à l'application de la loi ou pour porter atteinte à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions, en proférant des menaces verbales et en usant de menaces et de bobards pour empêcher un individu ou un groupe de travailler »
Théoriquement, au vu de la différence entre les actes et l'énoncé de l'accusation, les avocats auraient dû se mettre vent debout pour défendre leur collègue et ancien bâtonnier.
Concrètement, leur représentant, l'actuel bâtonnier Brahim Bouderbala s'est montré satisfait, à la limite de la mauvaise joie. « Me Kilani porte le poids de son activisme politique (') ses avocats n'ont qu'à faire appel », a-t-il déclaré.
De quoi faire bouger l'ire de plusieurs avocats qui ont envahi son bureau pour le traiter de lâche et de vendu.
Voilà ce qui arrive quand une corporation a un clown à sa tête. En Tunisie, les avocats qui défendent la veuve et l'orphelin est de l'histoire ancienne. Les avocats sont devenus incapables de défendre leurs propres pairs et même leur propre bâtonnier.
A partir de maintenant, tout ce qui peut leur arriver devient mérité.

Chez les magistrats, ce n'est pas plus glorieux. Le président de la République a reçu dimanche (jour férié NDLR), la cheffe du gouvernement et la ministre de la Justice pour évaluer les candidatures, parmi les magistrats retraités, du nouveau conseil supérieur provisoire de la magistrature. Un conseil anticonstitutionnel né à partir d'un décret présidentiel.
Théoriquement, les magistrats auraient dû s'ériger contre un tel conseil venu remplacer le leur, créé grâce à des élections totalement transparentes. Les avocats, aussi, auraient dû s'ériger contre ce nouveau conseil, puisqu'ils ne sont plus représentés dedans. Idem pour les experts-comptables.
Où sont les présidents de toutes ces corporations ' Aux abonnés absents ! Le président de la République a beau prétendre que son décret est supérieur à la loi, il a beau dissoudre un conseil multipartite élu, ils ne bougent pas pour autant.
Sous d'autres cieux, on aurait droit à une grève illimitée jusqu'à ce que le droit se rétablisse.
Chez nous, le président limogé Youssef Bouzakher, le bâtonnier (traité de lâche par ses pairs) Brahim Bouderbala ou encore le muet président de l'Ordre des experts comptables, Walid Ben Salah, sont totalement absents de la scène. Ils se laissent faire sans réagir. Ils se laissent piétiner sans rouspéter. Ils se font humilier sans protester. Que vont devenir leurs corporations ' Quand on est dirigés par des incapables, on finit par connaitre le même sort que celui des Ukrainiens aujourd'hui'
Ces présidents de corporations seraient-ils des clowns ' Les clowns restent au-dessus. Ils sont des artistes. Parenthèse pour finir, eux aussi travaillent le dimanche'
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