La consommation finale nationale, qui représente le principal moteur de croissance économique depuis 2011, a connu, pour la troisième année consécutive, une décélération en prix constants (1,8% en 2017 contre 3% en 2016).En prix courants, la consommation a évolué à un rythme proche de celui de 2016 (7,9% contre 7,7%), se traduisant par une légère hausse de la propension moyenne à consommer.
En dépit de la reprise des IDE en 2017 (11,9% contre -3,4% en 2016), leur poids s'est limité à 2,2% du PIB. En conséquence, le taux d'investissement a poursuivi sa baisse, pour la cinquième année consécutive, passant de 19,3% en 2016 à 18,7% en 2017.
La demande intérieure et extérieure constitue un bon baromètre pour mesurer l'évolution économique. Cette demande doit être dynamique pour permettre au système de production de fonctionner à une cadence rapide, créer de nouvelles richesses et exporter plus. Or, la situation vécue au cours de l'année dernière montre que beaucoup reste encore à faire pour booster davantage la production et la consommation sans que cela ne se répercute sur l'inflation qui a déjà atteint un niveau assez élevé. Le pouvoir d'achat de la classe moyenne, érodé, a eu des impacts graves sur la consommation.
L'analyse de la demande intérieure, en 2017, montre un ralentissement du rythme d'évolution des principales composantes, en prix constants, à savoir la consommation globale. La consommation finale nationale, qui représente le principal moteur de croissance économique depuis 2011, a connu, pour la troisième année consécutive, une décélération en prix constants (1,8% en 2017 contre 3% en 2016), affectant aussi bien la consommation publique que privée, ce qui a porté sa contribution à la croissance à 1,6% contre 2,7% une année auparavant.
En prix courants, la consommation a évolué à un rythme proche de celui de 2016 (7,9% contre 7,7%), se traduisant par une légère hausse de la propension moyenne à consommer. Concernant la consommation privée, qui constitue environ 78% de la consommation nationale, elle s'est accrue de 7,6% en prix courants contre 6,8% en 2016. En termes réels et étant donné l'accélération de l'inflation, l'accroissement de la consommation des ménages s'est limité à 2,2% contre 3,1% en 2016.
Faiblesse de l'activité
Aussi, la consommation, qui a été tirée notamment par les hausses salariales des dernières années, a-t-elle connu un essoufflement suite à la faiblesse de l'activité économique et au maintien du chômage à des niveaux élevés, outre la persistance de l'inflation qui a fortement impacté les revenus des ménages et leur pouvoir d'achat.
Pour sa part, la consommation publique a enregistré en 2017 une progression moins rapide qu'une année auparavant, aussi bien en termes courants (9,3% contre 11,2%) qu'en termes constants (0,5% contre 2,5%). Cette évolution reflète, surtout, la maîtrise des recrutements dans l'administration et un certain ralentissement de la rémunération publique dont la part dans le PIB est passée de 10,8% en 2010 à 14,7% en 2017.
S'agissant des investissements, la formation brute de capital fixe a enregistré une évolution modérée en prix courants (4,2% contre 3,1%) et une légère décélération en prix constants (0,2% contre 1%). Compte tenu de la variation des stocks, l'investissement global s'est accru de 15,8% en prix courants contre une baisse de 2,1% en 2016. On constate aussi la décélération des dépenses d'équipement de l'Etat (5,7% contre 13%), outre la faiblesse structurelle de l'investissement privé, qui s'est aggravé ces dernières années. En dépit de la reprise des IDE en 2017 (11,9% contre -3,4% en 2016), leur poids s'est limité à 2,2% du PIB. En conséquence, le taux d'investissement a poursuivi sa baisse, pour la cinquième année consécutive, passant de 19,3% en 2016 à 18,7% en 2017.
Rebond de la demande extérieure
Les exportations de biens et services ont progressé en 2017 aussi bien en prix constants (4,6% contre 0,2%) qu'en prix courants (17,2% contre 5,8%), portant la propension moyenne à exporter de 40% à 43,5% d'une année à l'autre. En dehors des secteurs des mines, phosphates et dérivés et du pétrole brut, qui ont été affectés par la poursuite des troubles sociaux et l'absence de découvertes de puits de pétrole, l'accroissement des exportations en volume a touché la majorité des secteurs. En effet, les industries mécaniques et électriques et à un moindre degré le textile, habillement et cuirs ont bénéficié de l'amélioration de la croissance dans la zone euro.
Il en est de même pour le secteur de l'agriculture et des industries agroalimentaires. En outre, les recettes touristiques ont connu une reprise tirée, particulièrement, par le retour progressif des marchés traditionnels européens et l'afflux des touristes maghrébins.
Quant aux importations de biens et services, elles ont enregistré en 2017 une hausse en prix constants (3,8% contre 2,7% en 2016) et une accélération en prix courants (18,8% contre 5,5%), reflétant surtout la dépréciation du dinar et la hausse des cours internationaux des hydrocarbures. Cette évolution est attribuée, notamment, aux achats des matières premières et demi-produits, corrélativement à l'amélioration de l'activité des industries manufacturières et au secteur de l'énergie dont la consommation ne cesse de croître contre une régression de la production nationale.
Le système de production en Tunisie, toutes activités confondues, est appelé, au cours des mois à venir, à se mettre à niveau pour produire plus et exporter vers les marchés traditionnels et ceux considérés comme nouveaux. Il faut faire preuve également d'innovation et de créativité pour augmenter la valeur ajoutée des produits exportés et résister à une concurrence de plus en plus rude. Il est également nécessaire de stimuler la demande intérieure par une amélioration du pouvoir d'achat des citoyens qui ne disposent pas d'assez de moyens pour joindre les deux bouts. En effet, certaines activités commerciales ont connu une stagnation significative à cause de la baisse de la demande.
Posté Le : 30/07/2018
Posté par : infos-tunisie
Source : www.lapresse.tn