L'exemple de l'ancien défenseur axial de l'équipe de Tunisie en Coupe des Confédérations 2005 en Allemagne est doublement édifiant. Son premier transfert du SRS au CSS relève de la rivalité des deux clubs phares de la capitale du Sud. Ensuite, plus marquant encore, le passage de Wissem Abdi du CSS (2000-2007) à l'EST (2009-2011), avec une parenthèse en Egypte au sein du club Ezzamalek (2007-2009) s'inscrit dans les nouveaux us et coutumes du régime «pro», comme le souligne l'intéressé«C'est la loi du professionnalisme. Comme tout employé, le footballeur devient un salarié qui cherche la meilleure offre possible. Il a sa famille, une situation sociale à améliorer, une après-carrière à assurer. Combien de joueurs, une fois les crampons rangés, s'étaient retrouvés dans la dèche. En Egypte, où j'ai joué deux ans, la reconversion est beaucoup plus facile, plus «naturelle» pour un joueur vite intégré dans le staff technique, parmi les dirigeants, dans une cellule de recrutement... que ce soit au sein même de son club, ou dans un autre. A contrario, chez nous, le joueur sort par la petite porte, livré à lui-même et sans le moindre horizon. Forcément, dans ces conditions, il lui faut être d'une certaine façon égoïste, et penser à son avenir. Pourquoi voudriez-vous qu'il se sacrifie pour les autres. S'il change de club trois ou quatre fois comme c'est précisément mon cas, le critère essentiel à retenir demeure cette quête d'une meilleure situation. Qu'il saute d'un favori pour le titre pour son rival, où est le problème' Quel mal y a-t-il au fond à cela' Les gens à Sfax reprochent à Mohamed Ali Moncer, Fakhreddine Ben Youssef et Ferjani Sassi leur passage à l'Espérance de Tunis. En vérité, aucun reproche ne peut leur être adressé. Le public doit désormais accepter ce genre de situations. Un joueur de Gafsa, de Ben Guerdane, de Sidi Bouzid... a parfaitement droit à l'ambition, à se construire un C.V., à jouer en Coupe d'Afrique, à remporter des titres. L'essentiel, c'est de travailler, souffrir et veiller à passer d'un palier à un autre. C'est ce qu'ont fait Sabeur Khelifa à Evian, Aymen Abdennour à Monaco et Valence... Ils n'avaient pas d'alibi dans des clubs européens structurés. Contrairement au choix des championnats du Golfe déterminé uniquement par l'appât du gain. Sinon qu'irait bien faire Youssef Msakni au Qatar si ce n'est pas pour l'argent.«Mon passage à l'EST moins difficile que celui à Ezzamalek»La donne est malheureusement devenue compliquée en Tunisie. Les clubs n'arrivent plus à payer leurs joueurs. Les dossiers des plaintes pour salaires impayés ne laissent plus le temps à la commission des litiges de souffler. Voilà pourquoi les joueurs tunisiens acceptent désormais de signer dans un pays comme la Jordanie où ils ne touchent pas plus de 20 ou 30 mille dollars par saison. C'est-à-dire trois fois rien. Le cas de Wael Belakhal, Marwène El Ghoul et tout récemment Salama Kasdaoui. La crise économique frappe de plein fouet le domaine du foot qui brasse des budgets importants. La non-qualification de l'équipe de Tunisie aux deux dernières coupes du monde 2010 et 2014, nous sommes en train de la payer au prix fort actuellement.
Posté Le : 29/08/2016
Posté par : infos-tunisie
Source : www.lapresse.tn